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À la suite du décès du juge en chef Bryan Finucane, en août 1785, il ne restait plus que deux juges à la Cour suprême : Brenton et Deschamps. Insatisfaite de leur rendement, l’Assemblée, lors d’une session secrète tenue en 1787, formula une demande au lieutenant-gouverneur John Parr* et au conseil en vue d’enquêter sur la conduite des deux juges. La réponse de Parr indiquait que ni le conseil ni lui n’étaient favorables à une telle enquête. Cette question domina l’élection partielle au siège de Halifax, à l’Assemblée, en 1788 ; après la victoire du candidat appuyé par le conseil, Charles Morris* (1759–1831), la tension monta à tel point qu’on dut faire appel à la garnison de Halifax pour réprimer des émeutes qui durèrent trois jours. Peu après cette élection, le conseil publia, sur un ton acerbe, une défense de Brenton et de Deschamps. Ce document suscita la publication de lettres, tout aussi peu modérées, condamnant les juges et le conseil, de la part de deux avocats loyalistes, Jonathan Stems et William Taylor, que Deschamps radia du barreau pour outrage au tribunal. En mars 1789, l’Assemblée reçut la réponse de Parr à la demande d’enquête. Quoique rédigée en termes diplomatiques, cette réponse appuyait encore les deux juges, ce qui n’empêcha pas l’Assemblée, l’année suivante, de mettre Brenton et Deschamps en accusation devant la chambre. Parr en référa à la métropole, mais il fallut deux ans au Conseil privé pour se prononcer en faveur des juges. Si les premières accusations portées contre Brenton lui furent préjudiciables, la défense qu’élabora le Conseil privé le fut peut-être davantage, puisque celui-ci reconnaissait que les juges avaient pu se tromper, attribuant leur faute à la « fragilité de la nature humaine ». En dernière analyse, Brenton fut victime des Loyalistes résolus à ne pas se laisser exclure des postes qui, dans la hiérarchie de la Nouvelle-Écosse, assuraient le pouvoir et l’influence. Brenton avait vu venir le choc entre les Loyalistes et les habitants d’origine américaine établis en Nouvelle-Écosse avant la guerre d’Indépendance, et il avait essayé de le prévenir ; il abandonna toute idée de chercher à se faire réélire en 1785, car il comprit que la lutte serait menée avec « la violence et la chaleur des rivalités partisanes ». Mais il n’échappa pas pour autant aux séquelles de la controverse. L’impopularité des décisions qu’il rendit à la Cour de vice-amirauté et le désir de voir s’instaurer des relations harmonieuses entre la Gran
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