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L’anthracnose, causée par le Colletotrichum truncatum (Ct), est une grave maladie de la lentille (Lens culinaris ssp. culinaris Medik.) dans les Prairies canadiennes. Or, la résistance à la race Ct0, la plus virulente, est extrêmement rare dans le pool génétique du L. culinaris ssp. culinaris, qui ne possède qu’une résistance partielle s’estompant à mesure que la plante atteint le stade adulte. Nous avons introduit chez la plante, par introgression, une résistance provenant du Lens ervoides, puis nous avons évalué les générations F1 et F2 de deux populations ainsi obtenues, quant à leur résistance après inoculation séparée des deux races du Ct. Nous avons inoculé la race Ct0 à une des populations, à la fois au stade juvénile et au stade adulte. Nous avons également évalué les familles F2:3 quant à leur résistance à la race Ct0. Les résistances fournies par le L. ervoides contre les deux races du Ct semblent dues au même gène ou ensemble de gènes ou à des gènes étroitement liés. Nous avons observé parmi les populations divers schémas de contrôle génétique de la résistance, selon que la lignée interspécifique était issue d’un croisement avec un spécimen sensible ou partiellement résistant du L. culinaris ssp. culinaris. Cependant, une épistasie récessive double semble contrôler la sensibilité du matériel sensible et intervenir également lorsqu’aucune résistance juvénile n’entre en ligne de compte. Nous avons observé des différences significatives entre les stades juvénile et adulte chez plus du tiers des populations F2 étudiées, ce qui confirme que les gènes de résistance agissent de manière différentielle selon le stade de développement. La résistance juvénile semble résulter à la fois d’une épistasie dominante et d’une épistasie récessive. Nos résultats donnent un aperçu de la complexité des mécanismes régissant la résistance juvénile ainsi que la résistance obtenue par croisement interspécifique.
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