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On se trouve ici en présence de deux éléments : l'un est ce paternalisme, que je décris comme une sorte de « syndrome du grand homme ». Il remonte à l'époque tribale, lorsque le roi ou le chef était tout puissant, ce qui suscitait de l'admiration et non de la rancœur. Cette situation peut déboucher rapidement sur la corruption, car tout pouvoir corrompt. Je pense que c'est la raison pour laquelle la corruption est tellement endémique en Afrique, et que cela nous aide à comprendre certaines choses. L'autre élément est que la société africaine est en général très conservatrice. Traditionnellement, elle a été une société pastorale et elle le demeure encore aujourd'hui dans une large mesure. Lorsqu'il n'existe pas de concentrations démographiques importantes, les gens ne peuvent pas se spécialiser et, sans spécialisation, il n'y a pas d'innovation. La société tend donc à être très conservatrice, avec des groupes d'âge spécifiques, les anciens, etc., bref une structure très conservatrice dont la population a besoin pour survivre. Par conséquent, la combinaison du conservatisme de la société au paternalisme provoque toutes sortes de situations qui nous incitent à nous poser cette question : « Pourquoi l'Afrique a-t-elle tant de problèmes? Pourquoi y a-t-il tant de corruption? » Elle doit franchir un immense fossé culturel et abandonner une foule de traditions qui constituent les piliers de sa société depuis des temps immémoriaux.
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